Deuxième théorie à Délos

Comme un lointain signe d'approbation...Zeus fit entendre le tonnerre...

Deuxième théorie à Délos



Le Keraunos, navire amiral de la flotte pontique, escortait les trières sacrées l’Argos et l’Apollon. Les prêtres et les Vierges sacrées d’Apollon partaient s’établir sur l’île sacrée de Délos. Parmi les pèlerins, un homme se distinguait par la dignité de son attitude et la vigueur émanant de lui. Tout en chantant les hymnes sacrés dédiés à Apollon, il portait des branches de laurier pour honorer le dieu de Delphes et de Délos. Cet homme était Mithridate, basileus du Pont Euxin, roi pieux et pèlerin.

Une fois la drachme demandée aux pèlerins versée aux temples, la théorie se rendit en procession sacrée auprès des tombeaux des Vierges Hyperboréennes. Elle se rendit ensuite à l’autel d’Apollon pour continuer ses dévotions. Là les prêtres et Mithridate exécutèrent la danse de la grue, le geranos.

De leur côté les marins accomplirent un autre rite : Ils mordirent l’olivier sacré et se flagellèrent en faisant le tour de l’autel pour s’assurer ainsi un bon voyage de retour vers le Pont Euxin. En attendant ce retour Mithridate accomplit un autre devoir envers Zeus Hospitalier, il accepta l’hospitalité de l’archonte Chrémonidès. L’homme, pourtant usé par les ans et les épreuves, dégageait une force peu commune. Homme de décision et de conviction Chrémonidès avait transformé par amour de la liberté l’île de Délos en centre d’une grande ligue, aujourd’hui en paix avec la puissante Macédoine.
Mithridate offrit les présents de l’amitié à l’archonte et à sa famille, et, dévot, donna à Chérmonidès ainsi qu’à son neveu Solon une statuette d’Apollon en or aux yeux incrustés de nacre.
« Chrémonidès, je t’apporte une heureuse nouvelle : la Ligue de Délos peut se joindre au Pont Euxin et rentrer dans la Ligue Commerciale de Méditerranée. Ainsi, tes navires commerçants rencontreront de nouveaux partenaires et ton commerce pourra fleurir tout autour de la Méditerranée. Cette proposition est faite avec amitié et témoigne de tout le respect que je te porte. »
Le roi devisa avec le jeune neveu de Chrémonidès. Il reconnu toute la fougue de Chrémonidès dans ce jeune homme mais aussi sa brillante intelligence. Seule ombre sans doute au tableau cette rancoeur envers la Macédoine à l'origine de la mort de son père tombé à Prevezza sous le régne de Cratére.
Rancoeur que Chremonides était parvenu à contenir dans l'intérêt des habitants des îles et de ses partisans qui l'avaient suivis dans son exil,mais qui n'était jamais bien loin quand on mentionnait devant lui le nom de la Macédoine ; pas un mot, pas un son ne sortait de sa bouche, mais le bleu de ses yeux devenait si sombre que les profondeurs abyssales de la demeure de Poseidon devenaient lumiére comparés à eux. Mithridate exposa au jeune homme les préceptes de paix des sept sages de la Grèce, et écouta les réponses subtiles du Délien.
« Jeune Solon », Mithridate, « si tu l’acceptes je répondrais au devoir d’hospitalité désormais établi entre nous par cette proposition : voudrais-tu étudier au Museion de Sinope auprès de l’Alexandrin Ctésibios et de moi-même ? J’aurais plaisir à partager le savoir et à en acquérir davantage auprès du savant ami d’Archimède. »
« Basileus Mithridate, Solon doit également continuer sa formation politique à Délos auprès de l’Ecclésia » indiqua Chrémonidès, peu désireux de voir son élève et successeur s’éloigner longuement de Délos.
« La formation à Sinope pourrait alors n’être que d’une année. Cela sera un trait d’union et d’amitié entre nos deux nations. »
Solon se mit à rêver lorsque Chrémonidès répondit au sourire du basileus Mithridate.