Tempus fugit.

Alors que Chremonides errait dans sa vie et sur Delos comme une âme en peine n'ayant plus de goût à quoique ce soit;passant le plus clair de son temps face à la mer,oubliant de s'alimenter et sans réaction aux événements du commun;à la plus grande inquiétude de ses proches et des habitants de la Ligue....un cri éclata dans le lointain.....Les Dieux hurlait un prêtre,les Dieux ont parlé..enfin...
Les oracles sont formels hurlait le prétre hors d'haleine,enfin un signe,les Dieux ne nous ont pas abandonnés,ils combattent pour nous mortels,ils combattent les titans,comme tu combattis la Macédoine il y a encore peu Oligarque et d'autres encore.
Les Dieux ne t'ont pas abandonné,ils savent qui tu es,ta gloire a résonné sur l'Olympe,ton combat pour la Démocratie est connu !!
A ses mots Chremonides resta de marbre,qui pouvait savoir l'avenir,qui pouvait affirmer que les Dieux n'étaient pas partis,il avait tant espéré de leur part,avant tant de batailles où les meilleurs fils de la Gréce étaient tombés,il avant tant crû qu'ils lui seraient favorables quand le sang des Grecs avait irrigué la terre de leurs ancêtres.
Oui tant de fois il les avait priés,TOUS;et les Déesses encore;sauf Héra peut-être,trop méchante et jalouse à son avis;il avait tant de fois été déçu...tellement.
Et puis,à quoi bon ces combats,où l'avait mené le combat de sa vie pour la démocratie...loin de chez lui,loin d'Athénes...à Delos..Delos qui ne serait jamais sa patrie..la Démocratie est partout avait dit Eurymedon,tu te dois à Elle....
Non,Chremonides ne devait plus rien,il avait tout donné,aux Dieux,à la Démocratie et pourtant il avait plié devant la force brute,la défection de ceux qu'il appelait fréres...il avait plié devant la fourberie et le mensonge....
Trop,c'était trop pour un seul homme qui au crépuscule de sa vie tirait un bien sombre bilan de cette derniére...la Gloire,la Démocratie..des mots creux qui ne résonnaient plus en lui,n'éveillant que tristesse et regrets..
Tes Dieux sont morts hurla t-il soudain au prêtre qui le regardait attendant une réaction de sa part;réaction si violente que le prêtre recula craignant soudain pour sa vie,le regard de Chremonides si vide l'instant d'avant s'était allumé d'une haine si profonde et si instantanée !!
Va t'en,va t'en ou je te tue lui dit-il d'une voix maintenant si calme que l'on aurait pu croire que la folie s'était emparée de l"Oligarque.
Puis Chremonides jeta son glaive et les larmes coulérent sur son visage buriné par le soleil qui avait illuminé tant de campagnes auquel le vieux soldat avait participé.
Tes Dieux sont MORTS murmurait-il encore en se retournant pour se replonger dans la contemplation de la mer sous le regard inquiets des six archers Crétois qui ne le quittait plus depuis Pellla et empêchérent le prêtre de s'approcher.
Le dernier des Dieux que priait encore Chremonides était Hades pour qu'il vienne le libérer du fardeau de cette existence auquelle il ne trouvait plus aucun sens...se disant il tenait dans sa main,les trois piéces qui paieraient son passage sur le Styx et qui ne le quittaient plus...que vienne le passeur je suis prêt à rencontrer Hades,que le passeur vienne vite.

Le Titan s'abbatît dans un énorme fracas ! Zeus avait encore repoussé les assauts de ces créatures abyssales.
Mais elles reviendraient ! Encore plus nombreuses ! Encore plus farouches. Tout l'Olympe menait ce combat. Terrible.

Alors, portée par le souffle d'Eole, les Dieux entendirent la complainte de Chremonides. Chremonidès l'Athénien. Digne sucesseur du glorieux Pericles et champion de la Démocratie des cités grecques.

"Reste toujours digne fils d'Ethéocle. Et sois heureux de ta gloire... Qui sait; un jour l'Olympe renaitra de ses cendres, tel l'oiseau Phénix !"... Et de nouveaux Dieux régnerons de nouveau sur le monde !

Face à la mer,le regard perdu au loin,vers Athénes,sa patrie perdue,Chremonides scrutait l'horizon.
Pas une voile,pas un oiseau,rien que les flots calmes et bleus,pas même une barque de pêche sur les eaux de l'Egée,pourtant si sûre avec la flotte de Delos qui y patrouillait sans relâche;SA flotte,la deuxiéme en puissance derriére celle de la puissante et fidéle Carthage.
Puis Chremonides regarda vers les cieux,la demeure des Dieux,plus précisemment juste en dessous sur l'Olympe,des Dieux si silencieux depuis des jours et des jours,pas une nouvelle,pas un signe,les oracles de Delos étaient muets,au grand désespoir des pélerins toujours plus nombreux.
Pourquoi donc ce silence,pourquoi les Dieux les avaient-ils abandonnés?
Ares ne voulait-il donc plus de victimes , Lui si présents depuis ces derniéres années,à Prevezza,devant Thébes,Athénes,à Daulis et en tant d'autres endroits ou le sang grec avait coulé à flot...Ares qui avait moissonné tant de vies,emporté tant de fils,de fréres,d'époux,d'amis...
Et Zeus qui aimait à séduire les femmes et à visiter les mortels,son silence hurlait aux oreilles et au coeur de Chremonides.
Il en était certain,les Dieux les avaient abandonnés,et la peur s'était insinué en lui,qui n'avait jamais reculé,sur aucun champ de bataille,jamais plié devant les humains;celà lui avait coûté assez cher;jamais trahi ses amis ou renié ses convictions...oui la peur le serrait dans ses griffes acérées qui lui percaient le coeur.
Chremonides se pensait brave et là pourtant il se sentait désarmé comme un nouveau né malformé dans une maison spartiate...
Le temps venait sans doute d'aller visiter les Enfers,retrouver son frére tombé devant les sarrissophores macédoniens et tant de braves,le roi Aréus,l'ami fidéle,et peut-être;il l'espérait ses fréres carthaginois morts en braves pour la Gréce,et qui sait peut-être aussi les roi Brennos et Bolgios pour des conversations impensables ici-bas.
Peut-être était-ce le message des Dieux qu'il n'arrivait plus à entendre,peut-être avait-il lui;Chremonides;déplu aux Dieux....?
Peut-être,Hades lui ouvrirait bientôt sa demeure,il le sentait...
Quand.....? c'était sa derniére question,aprés que Solon;son neveu lui ai succédé,aprés qu'il soit revenu des universités du Pont-Euxin;le frére Helléne si fidéle;derniére priére d'un homme fatigué de tant de combats,tant de joutes oratoires,pour au final garder sa liberté et ses convictions intactes au mileu d'un cailloux sur l'Egée.
Il espérait que ses choix avaient été les bons et que les Enfers ne lui seraient pas trop pénibles;il n'ambitionnait pas de déambuler sur les Champs-Elysées,juste trouver le repos.
Il espérait,derniére priére de l'Oligarque de la Ligue de Delos,derniére priére de Chremonides fils d"Ethéocle;derniére priére d'un homme.