Alors que le soleil se couchait sur les plateaux qui bordent la mer d'Erythrée, Le Moukharib se reposait sous son pavillon de campagne. L'intérieur de celui-ci était décoré avec le goût le plus exquis. Seul dans sa couche, Shammar repensait à sa journée. Encore une belle victoire pour son royaume.
Sa voie voie retentit soudain, claire et suave. Comme à son habitude, elle lui parlait de ce petit ton moqueur, qui avait le don de le mettre de si mauvaise humeur.
-Dis moi, Shammar, es-tu fier de ta conquête?
Au début, il tenta de l'ignorer. Au début, lorsqu'elle était apparue, cela suffisait généralement à la faire taire. Cependant, avec le temps, elle était devenue de plus en plus audacieuse et maintenant, elle ne cessait de le narguer.
-Allons, Shammar, cesse de faire l'enfant et réponds-moi. Es-tu satisfait, maintenant que tu as tué tout ces gens?
C'est alors qu'il parla, lui qui était apparu récemment, comme pour répondre à cette effrontée.
-Laisse-le. Oui Shammar, Nous savons tous que tu n'aspires qu'à un repos bien mérité. Allons, puissant roi, couche-toi et rêve. Rêve de tes futures conquêtes, celles qui feront de toi un immortel dont l'Histoire se devra de retenir le nom!
-Oui, rêve donc, Shammar, rêve de tout ce sang que tu aura l'occasion de verser...
Il n'en pouvait plus. Au début, ils n'étaient que des murmures, des ombres parmis les ombres. Mais depuis peu, ils ne lui laissaient plus aucun repos. Ils le harcelaient sans cesse. D'une voix qui se voulait claire et puissante, il s'écria, tout en se redressant:
-ASSEZ! J'ai besoin de repos et de solitude!
Surpris, un garde entra dans la tente et demanda si le roi avait appellé. Après l'avoir congédié, le roi se recoucha et s'apprêta à sombrer dans un sommeil bien mérité.
-C'est cela, Shammar, dors bien. Mais n'espère pas te débarasser de nous ainsi, car nous serons toujours là à ton réveil...
Par tout les dieux, mais d'où venait donc ces voix. Pourquoi le harcelaient-elles?
Dans le camps, la nuit était déjà bien avancée. Autour des feux, les soldats discutaient de leur journée, de leur foyer, du comportement pour le moins étrange du moukharib, de ses crises soudaines de colère, du fait qu'il semblait parler seul, tout en déambulant tel un somnambule. La peur gagnait les troupes. Certains murmuraient déjà que Shammar, le moukharib d'Hadramaout en personne, aurait été maudit.