Le Grand pèlerinage de Magon, le premier dédié par la Ligue de Magon à Melqart-Herakles en cette année 260, fut des plus grandioses. Les cérémonies se succédèrent dès la venue de la nouvelle année et l'apparition de la constellation du Bélier dans le soleil naissant.
Le grand prêtre Mardikios, grand prêtre de Sagonte, grand édile de la ville, aimé d'Héraklès et dépositaire des Mystères propres au Héros présida aux cérémonies qui, pendant 20 jours, se succédèrent dans les temples baléarais.
De ces cérémonies, la plus belle fut sans conteste la bénédiction de la flotte nouvellement acquise par la Ligue. 50 heptères brillant au soleil de midi, avec chacune à leur bord 10 sonneurs de corme baléarais, firent raisonner la mer du tonnerre et de la foudre. Répondant de terre à cet appel, des centaines de tambours appelaient à leur tour le dieu aimé afin qu'il vienne et qu'il sanctifie la flotte.
Une brise de mer vint soudain agiter le flot et les voiles pourtant brassées de trois ris se mirent à faseiller comme si une main invisible caressait les mâtures. Le Dieu s'annonçait enfin. A l'instant, cinquante bœufs consacrés furent sacrifiés, à la proue des navires afin de consacrer le pacte nouvellement passé entre le Dieu et la Flotte.
Les augures furent observés par les docteurs dans les victimes puis montrés aux représentants des membres de la Ligue. Les entrailles étaient toujours claires, veinées comme il se doit et sans humeurs. Melqart-Herakles montrait ainsi sa très grande satisfaction.
La flotte, désormais gréée et armée, cingla, le vingtième jour, vers sa station de Gaddes, afin de renforcer les armées navales déjà déployées. La bénédiction leur apportait désormais protection et honneur.
Mardikios, en clôture de ce pèlerinage, planta alors de ses mains un olivier et consacra une ruche afin que l'Huile et le Miel coulent lors du prochain pèlerinage.