-239 En la baie de Syracuse...

HJ : Merci au Suffète Barca pour ce RP. Le calamae punique serait il aussi acéré que les éperons de ces pentères ?


Syracuse - Printemps -239 :

Des centaines de voiles encombraient le môle du port. Pentères et Heptères puniques, Tetrètes et Octères syracusaines, lemboï et Liburnes, pêcheurs, marchands, tous étaient venus pour accueillir l'immense délégation carthaginoise, dont les dirigeants étaient embarqués sur la "Gloire d'Elissa" le navire amiral de la flotte punique.

Sur les quais, l'archonte admirait les navires puniques. Il avait toujours trouvé curieux cette construction sans Apostis et se demandait toujours comment Thranites Zygites et Talamites pouvaient ramer dans d'aussi inconfortables conditions. Il fallait toutefois admettre que la technique navale phénicienne était sans faille car les pentères puniques étaient réputées les plus rapides des mers. Il s'était juré de percer un jour ce mystère, si bien gardé par l'importante garnison de chaque navire ainsi que par les voiles de masquage qui recouvraient les rares coursiers qui se hasardaient hors des ports puniques.

Les éperons à lame installés sur les Heptères africaines ressortaient nettement de l'eau et l'Archonte pouvait vérifier de l'appontement que ces pointes étaient très acérées et entretenues ainsi par des mains expertes. Il se souvenait que dans sa jeunesse, les ingénieurs syracusains avaient essayé de revenir à la technique de Chios, celle de l'éperon courbé vers le bas. Si l'impact de l'éperon occasionnait de très importants dégâts sous la ligne de flottaison, toujours fatals, en passant sous le renfort de la Preceinte basse, le choc occasionnait des avaries importantes sur l'attaquant car l'angle de l'attaque ne permettait plus à la structure du bâtiment d'absorber le choc de l'éperonnage. Le vieillissement rapide des navires avait été cause de l'arrêt de l'expérience et Syracuse en était revenue à un Embolon droit à trois lames horizontales.

Dès l'accostage, les officiels puniques parmi les plus illustres de Byrsa débarquèrent sur les quais: Le deuxième suffète de Carthage, les Seniores du Conseil de Cent, Hannon Gisco, dit le Sage, chef de fil des mercantilistes, le vieil Hannon, qui pendant près de 40 années avait présidé aux destinées de la fille de Didon et enfin Hannibal, l'amiral si redouté. Ce dernier, pour rehausser la crainte qu'il inspirait, portait une barbe longue, noire comme la nuit, coiffée en deux pointes pareilles aux piques des éperons de ses navires. L'apparition du vénérable soldat eut pu être celle d'un Dieu si un détail étonnant n'était venu modifier l'image de dureté de son visage balafré: le vieil amiral tenait par la main un jeune enfant d'à peine 7 ans. Celui-ci portait les signes distinctifs de sa famille et représentait, en cette occasion la gens barcides. Nul n'eut considéré cela comme un affront car les barcides ont l'habitude de dire qu'aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années. De plus, il émanait de cet enfant un tel charisme, une telle force, que tous furent conquis. Le vieil Hannibal, se présentant devant l'Archonte et la Boulè eut ses mots :

Nobles citoyens, voici, en cet appareil que vient se présenter à vous le noble Hannibal, fils d'Hamilcar, premier suffète de Carthage, que les affaires de l'état ont retenu en sa cité.

Le jeune garçon, s'avançant alors seul devant cet aréopage poursuivit:

Nobles sénateurs, nobles citoyens, Mon père parle par ma voix car celui qui parle pour Carthage est Carthage. Mon père vous prie de recevoir les hommages de la cité et de l'Empire punique. Il a prié pour cette journée et sacrifié à Melqart.

Mon père vous fait savoir qu'il considère cette journée comme l'un des plus importantes de la longue histoire de notre nation et que la création que nous honorons aujourd'hui, ravira le monde.

Puis soudain, rompant avec le protocole, redevant un enfant, le jeune Hannibal se dirigea sans hésitation vers un citoyen, perdu parmi les autorités locales, lui pris la main puis lui dit: " Noble Archimède, pouvez-vous me guider vers l'Académie ?"

Comment, jeune prince, connais-tu mon nom ? demanda le savant;

"Noble Archimède", répondit l'enfant, "seul un savant de ton rang ne pense pas à sa toilette et vient habillé comme au marché pour accueillir ses amis".

Par cette charmante demande, se forma alors le gigantesque cortège qui se dirigea vers la nouvelle Académie, objet de ces journées. Formée par la réunion de deux écoles, celle de Syracuse et celle de Carthage, elle visait à l'excellence et au renom.
Des départements nouveaux venaient d'être créés et d'autres suivraient et, ouverte au Monde, elle attendait des chercheurs et des étudiants de l'ensemble du Monde connu. Elle avait également envoyé de par le Monde des centaines de copistes, d'érudits, rechercher dans les bibliothèques, les textes rares et les études des mondes grecs, égyptiens et perses.

Cinq jours de fête marquèrent cette inauguration, puis, offrant la pareille, Carthage accueillit 40 jours plus tard le Sénat et le peuple de Syracuse pour de pareilles libations à Salammbô et Byrsa.