HJ : Merci au Roi Alexandros. Un peu de douceur dans ce monde de brutes... Bel effort de recherche et d'ambiance en tous cas.
Sparte - Hiver -242;
Voila près d’un an qu’Alexandros attendait de pouvoir épouser Agesistrata, trop jeune au moment du traité de paix signé en –243 avec Sparte. « Elle avait déjà 17 ans », pensa-t-il, « largement l’age de devenir ma femme ». Mais on lui avait expliqué qu’à Sparte il fallait attendre que les jeunes filles aient 18 ans pour assurer leur force et leur pleine capacité à donner naissance à de solides guerriers... Il avait accepté ces coutumes.
Dans l’année, lors de ses visites à son nouvel allié Acrotatos, Alexandros avait aperçu sa promise, à la dérobée. Il l’avait vu se livrer à des activités gymnastiques de plein air dans la palestre mais aussi dans le Dromos.
Elle excellait dans les quatre disciplines autorisées aux adolescentes : la course, la lutte, le lancer du disque et le javelot.
Chacune de ces visites le troublait au point qu’il en devienne complètement obsédé. Les courtisanes qui occupaient ses nuits trouvaient désormais porte close. Ses stratèges n’arrivaient plus à capter son attention et ces derniers commençaient à croire que la pause dans les opérations militaires de cette année étaient en grande partie due aux nombreuses visites du roi à Sparte.
Il suivait les épreuves dites de force telles que la lutte, le lancer du disque et le javelot caché dans un coin de la padestre. A peine ses entrevues avec Acrotatos terminées, il courait au Dromos, au sud-est de la ville, dans la plaine de l'Eurotas pour pouvoir l’apercevoir.
Le Dromos se trouvant à proximité du sanctuaire dédié à Hélène divinisée, la plus belle des Spartiates, il lui venait parfois l’envie d’enlever Agesistrata et de la ramener à Pella...
Enfin, le mariage approchait. Il aurait lieu à Sparte le 10ème jour de « Gamelion » (Janvier), septième mois de l'année, consacré à Héra, déesse du mariage.
Symbole de l’union entre la Macédoine et Sparte, les cérémonies s’attachaient à respecter les traditions des deux parties.
La veille du mariage, on avait fait un sacrifice aux dieux protecteurs du mariage, Agesistrata leur avait consacré ses jouets et les objets familiers de son enfance. Puis elle prit un bain rituel. Pour cela, un cortège accompagné de joueurs de hautbois et de femmes portant des torches, avait puisé de l'eau à la fontaine Callirhoé et la lui avait rapporté dans un vase spécial, le "loutrophore".
Le jour du mariage, les pavillons des deux fiancés au sein du palais des Eurypontides furent décorées de guirlandes de feuilles d'olivier et de laurier. Un sacrifice et un banquet furent organisés au sein du palais. La place d’Archidammos IV, le père de la fiancée décédé il y a peu, restant vide. Les femmes y participèrent mais restèrent séparées des hommes.
Voilée , la mariée y est présente, avec à ses côtés sa "nympheutria", sa vieille tante Perséphone chargée de l'assister pendant les cérémonies du mariage.
Certains mets traditionnels sont servis : gâteaux de sésame, symbole de fécondité. Puis, c'est le départ de la procession qui doit conduire la fiancée au pavillon des femmes, sorte de terrain neutre entre le pavillon de la fiancée et de l'époux, trait d’union entre les traditions macédoniennes et spartiates. Vêtue ce blanc, voilée et couronnée de fleurs, la fiancée est debout sur un char tiré par des bœufs.
Eclairés par des flambeaux, parents et amis suivent en chantant un vieil hymne religieux, le chant d'hyménée, vieil hymne religieux dans lequel on invoque Hyménaos, dieu du mariage. A l'entrée de la maison, la fiancée est accueillie par ses compagnes, portant l'une une torche, l'autre une couronne de myrte. On répand noix et figues sèches sur sa tête, geste rituel avec lequel on accueille tout nouvel habitant dans une maison. On lui offre une part d'un gâteau nuptial, fait de sésame et de miel, ainsi qu'un coing ou une datte...
Alexandros a le coeur qui bat. Aidé par quelques amis, il vient de s’introduire dans le pavillon des femmes. Sans bruit, il s’approche de la chambre d'Agesistrata. Encore quelque pas. Un rai de lumière filtre sous la porte. Il la pousse. Sa femme est là, assise sur son lit. Des vêtements d’homme, un rasoir et une vasque d’eau tiède sont disposés sur le coffre au pied de la couche. Les deux jeunes gens se regardent, Alexandros n’a jamais été aussi près de celle dont il vole les images depuis un an.
Il caresse son visage et elle lui sourit. Puis Agesistrata rompt le silence : « Tu dois me raser les cheveux, puis je me déguiserai et nous sortirons. ». Délicatement, Alexandros coupe ses longs cheveux noirs puis lui rase le crane. Elle s’habille rapidement. « Maintenant, je suis ta femme, emmène moi chez toi ». Alexandros se rappelle qu’il doit emporter la lumière puis les deux époux se dirigent vers la grande porte.
Dehors, c’est la nuit. Le froid est déjà bien vif à Sparte mais Alexandros ne sent pas sa morsure. Il emmène Agesistrata vers leur chambre nuptiale... Séleucos, Amilcar et Chrémonidès sont bien loin, nul ne troublera ce moment de bonheur complet
Rechercher 
Dernières images 
Lun 15 Fév - 22:38
